jeudi 31 décembre 2009

My own private cine retro, Part. 3

Bon, et pour finir, et parce que c'est quand même vachement plus marrant (et facile) de cracher sur ce qu'on n'aime pas que d'encenser ce qu'on aime, voici le Top 7 des horreurs 2009.



7ème : Humpday (vu le 29 septembre, au Mk2 Quai de Loire)
Archétype du film indépendant américain, Humpday raconte l'histoire de deux meilleurs potes qui se lancent le défi de coucher ensemble pour se prouver leur amitié. Finalement, ils baissent les bras, et le spectateur aussi devant tant de vide occupé par des dialogues horriblement mal post-synchronisés.


6ème : L'Etrange Histoire de Benjamin Button (vu le 21 février, à l'UGC les Halles)
Nominé 13 fois aux Oscars 2009 et finalement reparti avec 3 statuettes dans des catégories comme "meilleur maquillage" ou "meilleurs effets visuels", Benjamin Button... est un des films qui s'est avéré le plus décevant cette année. Après avoir été sur-vendu et rendu ultra attendu ("le nouveau Fincher plein d'effets spéciaux hallucinants avec Brad Pitt"), cette Etrange Histoire est finalement un enchaînement de scènes retouchées assemblées par un réalisateur qui se regarde filmer, persuadé de pondre là un chef d'oeuvre, alors qu'en y songeant 2 secondes : s'il n'avait pas été réalisé par Fincher, avec ce casting et cette qualité de maquillage/images retouchées, ça serait juste un navet irregardable - la réflexion pseudo-philosophique "et si je commençais ma vie par la fin" est quand même assez rapidement trappée, reste une bluette entre Blanchett et Pitt...
En d'autres termes, si on nous l'avait pas rendu désirable, la seule impression qu'auraient gardée les spectateurs de ce film aurait été : "tu l'as vu, ce nanar où Brad Pitt joue un vieux dans un corps de bébé ?" (mais je veux bien ouvrir les paris sur le regard qu'on portera dessus dans 5 ou 10 ans...)




5ème : Micmacs à tire-larigot (vu le 2 novembre, au Mk2 Quai de Loire)
Bon, cf. ici, pas grand chose à rajouter.


4ème : Le Petit Nicolas (vu le 20 octobre, au Mk2 Quai de Loire)
Plus de 5 millions d'entrées, avec on l'imagine un coefficient Paris/Province classique pour ce genre de films, Le Petit Nicolas est une vaste blague. On y va avec le souvenir (pas forcément lointain, grâce aux sorties récentes d'histoires inédites) de la verve du personnage de Goscinny. On en ressort comme floué, ayant assisté à un festival de blagues Carambar, de références et clins d'oeil lourdauds et ineptes, et surtout atterrés par un petit acteur principal fade, qui nous dit en conclusion que son but dans la vie est de "faire rire" alors qu'il a été transparent pendant 1h30. Et dire que Chabat est censé avoir co-signé les dialogues...


3ème : Le Bal des Actrices (vu le 7 février, au MK2 Quai de Seine)
S'il est une chose que j'abhorre de la part d'un auteur ou un artiste, c'est l'auto-flagellation : "je laisse entendre dans mon oeuvre que celle-ci est mauvaise ou pourra être jugée comme telle ; ainsi, si le public ne l'aime pas, je pourrai dire 'mais je vous avais dit que c'était à chier', et s'il l'aime bah tant mieux pour ma pomme".

Maïwenn Le Besco pense ainsi faire preuve de modestie, mais ce sont généralement les réalisateurs les plus prétentieux qui osent ce genre de malhonnêtetés intellectuelles. Son film est juste brouillon, intello et franchement chiant : sans véritable scénario, il tourne à vide, la seule idée un peu intéressante du film étant de faire chanter des actrices (attend, y avait pas un film qui s'appelait 8 Femmes, un truc comme ça ?...), dont la vie, ô les pauvres, n'est décidément pas facile ("je dois gérer mon image de femme publique, mon statut d'icone, d'objet de désir, d'objet tout court pour mon réalisateur - sauf quand c'est Maïwenn, parce que là c'est ma copine, c'est pas juste un pygmalion -, mais aussi celui d'amoureuse, de fille ou de maman").
Néanmoins, le plus détestable, c'est que la demoiselle pense avoir acquis une légitimité en tant que "réalisatrice torturée", alors qu'elle ne reste pour moi qu'une actrice à tronche chelou bonne à jouer des chanteuses lyriques extra-terrestres.




2ème : The Reader (vu le 25 juillet, au Mk2 Quai de Loire)
Sans doute une des plus belles arnaques de l'année. Un truc à souhaiter que Julien Courbet anime Le Cercle sur Canal, avec Maître Berges parmi ses critiques.
- Un récit qui se déroule en Allemagne mais tourné en anglais : comme si la langue n'avait aucune importance, et les dialogues non plus d'ailleurs.
- Kate Winslet qui se retrouve vieille à la fin et jouant un personnage "qu'on-croit-qu'il-est-méchant-mais-peut-être-qu'en-fait-elle-a-juste-quelque-chose-à-cacher-oulala-qu'est-ce-que-ça-peut-bien-être-?" : forcément, bam, un oscar.
- Un scénario lourdingue, qui t'explique en te prenant par la main, débile petit spectateur, ce qu'il faut comprendre à chaque scène et globalement du film (de mémoire, le professeur de lettres de Michael Berg explique que "ce qui définit la littérature européenne contemporaine, c'est ce que les personnages ne révèlent pas au lecteur ni aux autres personnages" et que "c'est ce qui fait avancer l'intrigue de chaque oeuvre" ; merci Stephen Daldry, on n'avait pas compris que tu nous parlais de ton film, en fait...), au service d'une mise en scène aussi bouleversante que celle d'un épisode de Derrick.
- Et le fin du fin, c'est qu'à cause des raccourcis pris sur le bouquin (d'après ce que j'ai entendu à droit à gauche, je confesse ne pas l'avoir lu), le discours qui est tenu est tout simplement scandaleux : les Nazis n'étaient pas Nazis par choix, mais par nécessité ; pire, les coupables des crimes les plus odieux seraient juste illettrés - et donc pas vraiment responsables. Je ne pensais pas que ça pouvait arriver, mais je viens de gerber cognitivement dedans ma tête.




And La Bouse d'or 2009 goes to : Slumdog Millionaire (vu le 17 janvier, à l'UGC Les Halles)

Je m'autorise exceptionnellement à recycler une petite note que j'avais publiée au moment de la sortie du film - mais dont j'assume toujours chaque mot.



Pourquoi Slumdog Millionaire est-il encensé de toute part ?

A : Parce qu’il permet d’avoir bonne conscience (j’ai aimé un film qui n’était pas tout à fait américain, y a des Indiens pauvres en plus dedans…)
B : Parce que les journalistes américains d’une part n’ont pas beaucoup de bons films à voir, donc même un film passable est tout de suite porté aux nues (et se retrouve triomphant aux Golden Globes), et que les spectateurs d’autre part ont parfois tendance à s’emballer sur des films sans trop réfléchir (21 Millions de Ch’tis, vive la France)
C : « Parce que c’est Danny Boyle, tu comprends, le mec qui a fait Trainspotting et après a oublié son amour-propre au profit de ses producteurs, et le scénariste de Full Monty, qu’on sait pas trop ce qu’il a foutu depuis 1997… »
D : La réponse D (désolé, je suis à cours, je me l’explique pas trop en fait ce succès…)

Serais-je donc le seul à avoir senti la supercherie ? Personne pour lever le(s) lièvre(s) ?? Tout le monde (enfin, les journalistes et une grande partie du public), tous dupes ???

Hier soir, comme toute la salle de l’UGC des Halles, me suis retrouvé face à la nouvelle pub de Dany Boyle.

Oui oui, une pub. De par le style, d’abord, qu’on cherche encore près de 15 ans après Petits meurtres entre amis, chez le réalisateur britannique, toujours aussi hystérique. Bon, se retrouver au 3e rang, ça aide pas, mais je pense que même sur un écran d’iPhone ça l’aurait pas plus fait… Mais sa seule patte finalement ne se résumerait-elle pas uniquement à un montage très cut et une tentative incessante d’en mettre plein la vue au spectateur ? (nb : pas de méprise, Trainspotting et même Une vie moins ordinaire ont longtemps fait partie de mes films de chevet, j’ai juste dû grandir un peu…)

Mais il aura certainement échappé aux quidams un détail. Le film est co-produit par une société nommée Celador. Et Celador, je vous le donne en mille (ou plutôt en millions), n’est autre que la société productrice de… ‘Who wants to be a millionaire?’ Autrement dit, ce qui pourrait passer pour une œuvre de création artistique de la part du Golden Globisé (!!!) scénariste de Full Monty Simon Beaufoy n’apparaît en fait que comme un formidable écrin pour faire parler (si toutefois il était encore besoin d’en faire la publicité), ou plutôt de transmettre une image reluisante d’un jeu télévisé dont la seule originalité réside dans sa mise en scène (je vends des formats de jeu tv, donc je sais de quoi je parle : en matière de mécanique, y a pas plus pauvre si on oublie ‘A prendre ou à laisser’…).

Et quand on y réfléchit, ce jeu n’est-il pas un prétexte à raconter l’incroyable histoire de ce jeune homme, que tout aurait dû conduire à l’échec et à qui la vie finit par sourire ? Dans ce cas, n’est-il pas quelque peu gênant de devoir avoir recours aux questions qui lui sont posées pour souligner le caractère extraordinaire du parcours du jeune homme ? Autrement dit, QVGDM n’est-il pas superflu ? On peut d’autant plus se poser la question que l’argent n’est pas la motivation première du personnage…mais dans ce cas, où est l’intérêt de situer ce personnage au plus bas de l’échelle sociale indienne ?

On oubliera quelques autres incohérences (la dernière question, le choix du frère…), et puis bon, on se dira, de même que quand on éteint la télé après avoir regardé Foucault : ‘mais qu’est-ce que j’ai foutu devant cet abjecte spectacle pourtant si divertissant, où ceux qui gagnent le plus ne sont pas ceux qu’on croit ?’…

Et oui, c’est mon dernier mot, Jean-Pierre.

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