dimanche 13 décembre 2009

Rien à Branly

Bien qu'ouvert depuis 2006, le Musée du Quai Branly n'avait jamais été pour moi qu'un édifice au design moderne perché en bord de Seine, avant ma visite le week end dernier.



Venu accompagné de mon acolyte pleurodire, c'est l'expo temporaire Teotihuacan qui nous a amenés jusqu'au musée.

Malheureusement, mieux vaut s'y pointer avant 15h, sinon pas la peine d'espérer apercevoir le quelconque masque ou la moindre statuette...

Nous nous sommes donc rabattus sur la collection permanente. Et là, une impression prévaut : pourquoi le Quai Branly, si ce n'est pour faire plaisir à Jacques Chirac ?

Parce qu'il existe déjà, me semble-t-il, un Musée national des Arts d'Afrique et d'Oceanie, aujourd'hui appelé Palais de la Porte Dorée, non ? Plus le Musée Guimet, donc rien de bien nouveau ou pertinent.



Une deuxième pensée occupe alors l'esprit du visiteur (en tout cas le mien) : qu'entend-on par "Art primitif" ? Il y a à mon oreille une note quelque peu péjorative, voire même paternalisto-colonialiste, à laisser entendre que les productions de peuples exclusivement non européens devraient être désignées comme "primitives", sous prétexte qu'elles sont antérieures à...bah, antérieure à la visite d'explorateurs européens, en fait....

En effet, certaines des oeuvres présentées ont plusieurs milliers d'années, quand d'autres datent du XXème siècle, et sont disposées selon une logique qui, je dois le dire, m'a quelque peu échappé - apparemment seulement géographique, et encore... Par ailleurs, 75% de la collection du Quai Branly est constituée d'objets de la vie de tous les jours. Certes ces objets sont beaux, mais ils relèvent plus d'un travail d'artisan que de celui d'un artiste.

Tortue : "Oui, mais on parle bien d'art décoratif !"
Moi : "Oui, mais là il s'agit d'art "primitif", en tout cas c'est comme ça qu'on l'appelle ici. En plus, on trouve des broches, des couteaux, des bols, mais aussi des statuettes, des totems, des armes, des diadèmes... Moi ça me fait plus penser à une brocante qu'aux Arts déco, tout ça."

Mais à une brocante dans le noir. Beaucoup plus class, avouons-le, mais du coup pas très pratique pour lire les descriptions des objets - surtout quand la moitié de l'éclairage de ces mêmes descriptions est en panne.

Je me prends alors à penser. A penser à ma spatule Ikea, au cadeau de mon Kinder Surprise mangé la veille, ou au balais de mes chiottes. Et je me dis que les Chinois du 4ème millénaire (oui, parce que ce seront les maîtres du Monde d'alors) auront la chance de s'extasier devant tout ça, et mon alter ego du futur se demandera à son tour si on s'est pas un peu foutu de sa gueule.


5 commentaires:

Unknown a dit…

hahaha! toi aussi t'as remarqué qu'il fallait se coller à la vitre en cachant ton propre reflet dans le verre pour tenter d'apercevoir le peigne à pou papou du 20e siecle?

BnG a dit…

C'est surtout les descriptions sur le côté qui sont dans le noir. Si tu ajoutes à ça une disposition excentrique des objets - et des descriptions - qui t'empêche de les lire en même temps que de regarder à quoi elles correspondent, c'est encore plus chouette...

Unknown a dit…

hello BenG! je découvre ton blog... et c'est rigolo, en ce moment je lis "3 men in a boat" de Jerome K. Jerome. Publié en 1889, j'en lisais juste hier soir un passage qui posait exactement la même question :http://www.literaturecollection.com/a/jerome/three-men-boat/6/

Unknown a dit…

au fait ct godiche le dernier post lol

BnG a dit…

Merci pour ton commentaire, Nico. :) Je lirai cette longue page prochainement.