jeudi 9 juin 2011

Honteux et confus, je jure, mais un peu tard...

Cela fait des mois que je ne le supporte plus. J'étais sorti bien énervé comme il faut de son premier film, et la façon dont il s'est copieusement mis en scène en tant que commissaire de l'expo Brassens à la Cité de la musique avait fini de me mettre hors de moi (super idée, d'ailleurs, que son concours organisé sur dailymotion ; c'est pas comme si La Pompe moderne existait pas depuis 2007).

Pourtant, quand j'ai vu les premières images alléchantes de son premier film d'animation, je me suis dit que je lui laisserais une nouvelle chance. Mal m'en a pris.


Le Chat du rabbin, c'est l'histoire d'un film gâché. En 1h20, Joann Sfar a réussi à me faire m'assoupir grâce à un faux rythme qui porte lentement mais sûrement le spectateur vers l'ennui. Il est fort à parier que ce problème de tempo découle du choix de faire tourner les acteurs en prises de vue réelles (en les dirigeant fort mal par ailleurs), à l'exception de François Morel. Rien d'étonnant alors qu'il s'en dégage une impression manifeste de décalage...

C'est fort dommage, car deux séquences tout à fait remarquables dénotent et apportent un formidable souffle de vie au film, avec leurs couleurs inattendues, la liberté prise dans les traits des personnages qui rappellent fidèlement la bd originale, et surtout de très bonnes idées de mise en scène (notamment la caméra qui tourne autour du chat soulevé à bout de bras dans Jérusalem) et les seuls vrais moments d'humour.

Le réalisateur n'est pour autant pas le seul à blâmer dans cet échec : le plus gros reproche que l'on puisse faire au film reste quand même une utilisation complètement superflue de la 3D, si ce n'est pour faire plaisir au distributeur (en l'occurrence UGC). "Les films familiaux animés qui ne disposent pas de 3D ne vont pas dans les grandes salles", nous dit Sfar. Et il voudrait qu'on croie à une démarche artistique justifiant le procédé technique (bien pratique pour faire raquer 2 à 3€ de plus au spectateur, même détenteur de carte illimitée), alors que l'aplatissement des décors, et surtout leur relative fixité ne nécessitaient en rien son usage...

Il est amusant de comparer l'oeuvre de Joann Sfar à celle de Marjane Satrapi : l'Iranienne (d'origine) a magistralement transformé l'essai cinématographique de Persepolis ; le Niçois ferait décidément mieux de se cantonner au 9ème art. Surtout si c'est pour faire chanter Enrico Macias :