mercredi 26 janvier 2011

Everybody's go-go-gotta learn someti-ti-times

Vu en avant-première ce soir, Le Discours d'un roi vaut largement le détour. Ceci dit, comme vous allez bien en entendre parler - si ce n'est déjà fait -, notamment suite au Golden Globe de Colin Firth et parce qu'il est favori aux Oscars avec 12 nominations, vous pouvez légitimement vous demander pourquoi j'en rajoute une couche.

The King's Speech

Et bien cela tient en 3 raisons.

1. Les acteurs sont formidables, Colin en tête : son George VI est touchant juste comme il faut. Geoffrey Rush est tout aussi parfait, même s'il faut avouer qu'il est plutôt gâté par des dialogues vraiment très drôles. Et Helena Bonham Carter est assez convaincante en Reine-Mère (laissons de côté William "Wormtail" Churchill, plus Wormtail que Churchill).

2. La mise en scène est plus fine qu'elle en a l'air : Tom Hooper en est certes à son premier film de cinéma, les frères Weinstein non, et ils sont visiblement passés par là. En résulte une ambiance tout à fait Shakespeare in lovesque (Geoffrey y est aussi pour quelque chose), notamment pour ce qui est du timing des dialogues. Mais pas que : l'utilisation a bon escient de plan très serré sur les visages, du brouillard et du flou en veux-tu en voilà, mais aussi et surtout l'idée pas mal trouvée d'excentrer systématiquement Firth dans l'image, sauf quand il assure pleinement son statut de roi.

3. Qui dit famille royale dit chiens-renards.

vendredi 14 janvier 2011

Le Frelon m'a piquer

Il ne faut pas se fier à la bande-annonce, ni à l'affiche, fût-elle française ou américaine (mais encore moins la française que l'américaine, cela va de soi).

 The American one

The French one
(alors qu'il suffisait de virer le "i" de "in" pour un "e", même moi je te le fais en 2 minutes avec Gimp)

The Green Hornet, c'est du kiff en barre. Celle avec 20% en rab'.

On s'attend à un film de super-héros, en lieu et place duquel on a (pour le même prix) :
- une comédie
- un buddy-movie
- un film d'action
- de vraies et profondes réflexions de trentenaires - comment tuer le père et le réhabiliter, gérer une amitié virile en s'assumant en tant qu'hétéro, surtout quand celle-ci est doublée d'un rapport hiérarchique et est mise en danger par un objet de désir ? - le tout en seulement 2h de temps
- et un film de super héros (parce qu'on était quand même venus pour ça à la base).

Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas familiers des personnages du Frelon vert et de Kato, un petit extrait de la série tv originale (avec Monsieur Bruce-Lee-s'il-vous-plaît) :


Fort heureusement, Michel Gondry n'a absolument rien gardé de cette ambiance batmanesque 60's (qui ne sombre pas dans un total ridicule grâce à l'ami Bruce). Quant au "un peu moins oursonnesque que d'habitude" Seth Rogen, qui tient le rôle-titre mais porte également la casquette de producteur et de co-scénariste, il a visiblement cherché à se faire plaisir. Tant mieux, c'est communicatif.

Le Français, qui était invité du Grand Journal avec Cameron Diaz et Rogen et donnait l'impression d'avoir honteusement cachetonné, a en fait l'air de s'être amusé - il était juste timide sur le plateau, mais qui ne le serait pas face à Ali Badou et surtout Ariane Massenet. Certes, il fait le boulot, c'est-à-dire du Gondry gonflé aux stéroïdes : des dédoublements de voitures comme ici, des split-screens à partir d'un même lieu au même moment pour éclater l'action un peu comme , et puis des choses plus originales comme des accélérés avec caméra sur pied qui pivote sur elle-même mais au ralenti (un genre de travelling compensé mais niveau vitesse : un accéléré compensé ?) ; tout ça avec ostensiblement beaucoup plus de thunes.

Et le vancouverois Seth Rogen ? Il nous a pondu des dialogues hilarants, avec une mention spéciale pour la scène post-utilisation du pistolet étourdissant. Il possède un sens du timing comique rare, et il campe un personnage auquel il est ultra facile de s'identifier. C'est d'ailleurs là l'idée géniale du traitement du film : une succession d'allers-retours entre de l'action outrancière pleine d'effets spéciaux et une distanciation avec cette action, un rappel récurrent au réel - quand on court dans les épines, ça fait mal ; tuer ou voir tuer un mec, c'est pas cool ; les gadgets qui paraissent toujours banals à James Bond, en vrai une personne normale est obligée de trouver ça trop ouf ; se faire retirer une balle de l'épaule au couteau, même stérilisé, ça craint...

Je vous parle même pas de la musique à tomber par terre (un peu de Johnny Cash, un peu de White Stripes...), des apparitions ultra-rapides de belles gueules plus ou moins récentes (voir Edward Furlong avec de la barbe, c'est un peu comme croiser Faudel dans une salle de muscu), de la "jouettisation" génialement trouvée des objets (voitures, résidence de Britt...) par Michel Gondry. Même le générique de fin en devient cool, alors qu'il exploite le plus connement du monde la 3D.

En sortant du film, je me suis penché sur la bio de Rogen. Le mec a 28 ans. Moi qui ai des projets plein mon escarcelle, je me suis senti un peu con. Mais au moins maintenant, j'ai une énorme pêche et l'envie de faire aussi bien. Merci Seth, et vive le Canada.

jeudi 13 janvier 2011

Vade Rétro Cinemas

Après un écart imposé par une actualité brûlante hier, voici la fin de la rétrospective ciné 2010 avec Les 10 Meilleures ignominies de l'année dernière.

10ème : Raiponce
On m'avait promis le meilleur Disney depuis...Aladdin ? Bah oui : John Pixar Lasseter en producteur exécutif, Glen "Waking Sleeping Beauty" Keane à l'animation, sur le papier ça donne envie. Et puis des cascades de dithyrambes de la part des critiques, en télé comme sur les sites spécialisés.

Sauf que sous un emballage de renouveau se cachait juste un Disney au rabais, avec tous les ingrédients habituels :
- des moments pour les filles (avec chansons), d'autres pour les garçons (avec bastons)
- une méchante vieille mais qui fait tout pour avoir l'air plus jeune (ou ressembler à Cher, on sait pas trop)
- des chansons gerbativement cuculs et qui ne font que répéter ce qui vient d'être clairement énoncé dans les dialogues ("vivre dans un donjon...")


Ceci dit, moi ce qui m'a sans doute le plus gêné, c'est son nom, à la princesse. D'ailleurs, les Américains ne s'y sont pas trompés en intitulant le film "Tangled" et pas "Rapunzel". Parce que quand tu vois le film en VO et que tu as plus de 23 ans, tu peux pas t'empêcher de penser à ça :


9ème : Adèle Blanc-Sec
On ne va pas accabler ce pauvre Luc Besson, qui en plus d'être souvent lapsucé avec son homonyme du gouvernement, n'a pas réalisé un bon film depuis Léon Le 5ème Element a bénéficié d'un accueil démesurément positif à sa sortie (en tout cas par moi, mais j'avais 15 ans), je vous assure, il a mal vieilli. En même temps, ça fait plus de 10 ans qu'il prend chaque année la résolution d'arrêter de mettre en scène. On attend toujours. Un bonus :


8ème : Sherlock Holmes
Cf. cette note du 24 février dernier. Avec une mention spéciale pour Jude "HooouuuuLaw, le mec que tu reconnais pas quand tu le croises à 5h du matin tout seul sur la Place du Trocadero.

Sherlock Holmes

7ème : Biutiful
Son premier exepté, à chaque nouveau film d'Iñarritu, on se dit que le précédent était vraiment bien. Enfin, qu'il était mieux. C'est donc avec une hâte certaine que j'attends le prochain, parce que Biutiful était quand même un ramassis sale et misérabiliste, empreint de tout ce que le réalisateur nous a déjà abreuvé et dont Javier Bardem (et le reste du casting) est le seul élément à sauver. 
Beurp. Et rendez-vous ici pour une excellente critique détaillée.

Biutiful

J'avoue, j'ai dormi. Je suis donc dans l'impossibilité de dire si ce que je n'ai pas vu du film était aussi chiant que ce que j'ai vu. On peut néanmoins relever la superbe idée de ce prequel : parler des personnages avant leurs faits d'arme mais sans qu'on voie trop en quoi les évènements ne les définiront. Super.


Ca, c'est fait. Avec une double-dose pour Clint, dont le prochain film sent le super-nanard à plein nez.


3ème : Alice au Pays des Horreurs
Tim Burton est prié par ses fans de faire un bon film. Vite. En 2D ou 3D, on s'en fout, du moment qu'il est regardable. Merci.

Alice au Pays des Merveilles
Même Madonna ne s'en est pas remise.

2ème : Boonmee, l'oncle saoûle (© moi)
Non content de faire de mauvais films, Tim Burton nous gratifie de la Palme d'Or la plus soporifique de l'histoire du festival (enfin, qu'il m'ait été donné de voir en tout cas). Bon, on s'est bien marrés, au moins, quand le fils-singe aux yeux Magic Light vient dîner.


1er (évidemment) : Les Petits mouchoirs
Il ne pouvait en être autrement (cf. le lien ci-dessus dans le titre). Le pire, c'est qu'ils vont se reproduire (regardez comme ils sont contents).

Marion Cotillard est enceinte

mercredi 12 janvier 2011

Tiens, voilà du boudin

Quand on n'est pas beauf ou qu'on a un intérieur bien isolé, on ne se sent pas concerné. On pense que ça ne nous arrivera jamais.

Mais quand un interstice de 15cm sous votre porte d'entrée laisse s'engouffrer un froid glacial qui s'immisce jusque dans votre coeur, vous n'avez plus d'autre choix que de vous mettre en quête d'un boudin de porte. Et là, c'est un monde nouveau qui s'offre à vous.

Voici un pot (bien) pourri de ce qui se fait de mieux en la matière. Merci de ne pas applaudir.

 Level 1

Level 2

 Level 3

Pour les cinéphiles 

De deux choses l'une : soit cet ours n'est pas vertébré, 
soit il a suivi des cours avec David Carradine et a un souci de proportions
au niveau des pattes arrières.

Je pense qu'ils vont longtemps hanter mes nuits.

Là, tu peux commencer à consulter.

 BHDN, célib,

rech. femme âge mûr,

pr soirées chaudes, 

 non sérieuses s'abstenir.

mardi 11 janvier 2011

2010 en 1 ovni, 2 docus et 3 choses inutiles

Un engagement est un engagement. Les curiosités évoquées dans la note précédente devaient être traitées, je me suis pas farci mon agenda pour rien.

Et Un.

Vu à Bruxelles (oui, je ne peux pas m'empêcher de rentrer dans un UGC, même à l'étranger), mon accompagnante n'a pas manqué de me faire remarquer les nombreux traits que Mr. Nobody partage avec La Chiantissime histoire de Brad Pitt numériquement modifié : un acteur principal (Jared Leto) grimé en petit vieux, un traitement un peu cross-genre (fantastique ? histoire d'amour ? drame ?), un récit Citizen Kanesque. Pour autant, trancher quant à savoir s'il s'agit d'un chef d'oeuvre ou d'un nanard s'avère plus difficile que pour le Fincher. Je n'ai toujours pas réussi à le faire : nous raconter 3 histoires plutôt qu'une est-il un aveu de faiblesse de chacune de ces histoires ou une formidable idée cinématographique ? Si vous avez un avis plus tranché, je suis preneur.


Et Deux.

C'est à un rythme effréné que nous nous sommes rendus, avec mon géniteur, dans les salles obscures l'année dernière. Ces visites répétées nous ont conduit à voir notamment 2 documentaires, qui n'ont pas rencontré un succès retentissant mais connaissent leur moment de gloire ici-même et maintenant.

Le premier, c'est Draquila de Sabina Guzzanti. Bien loin de la rhétorique des missiles de Michael Moore - à qui on la compare bien hâtivement -, son film décortique intelligemment les suites du séisme de l'Aquila en avril 2009. C'est marrant, j'ai l'impression de ne voir de films italiens que politiques, soient-ils des fictions ou des docus...


L'autre, c'est Waking Sleeping Beauty, indispensable pour qui s'intéresse de près (ou pas) à l'animation ou qui a grandi avec les successeurs de Taram, son chaudron magique et Gorki. C'est passionnant, détaillé, un peu dense certes, mais foisonnant d'images inédites qui viennent expliquer comment Disney a retrouvé les sommets du Box Office avec Le Roi Lion (mais s'arrête avant la dégringolade qui a suivi).


Et Trois.

Trois profils différents, mais un même résultat quand on tombe sur les souches des tickets d'entrée : "Aaahh, ouais ; bof." And the winners are (par ordre de vision).

A Single Man : le film que tu voulais voir un peu mais que tu oublieras beaucoup
Tom Ford sait tenir une caméra, diriger des acteurs, raconter une histoire. C'est plutôt joli, bien joué par Colin Firth (dont j'attends avec impatience la prochaine performance), mais ça fait un peu 'pfuit' quand c'est fini.


Une Education : le film que ta meuf t'oblige à aller voir alors qu'elle aurait pu se le faire sans toi sur Canal
Pour vous éviter une perte de temps, voici un résumé détaillé du film sus-cité : "Oh, la pauvre. Bon, bah tant pis, elle va reprendre ses études." 
Note : encore des gens couchés, un signe quant à la torpeur intrinsèque des oeuvres ?...


Greenberg : le film que t'attendais trop de voir vu comme t'avais kiffé The Squid and the Whale mais qui t'as un peu donné envie de mourir
Déception. Chiant. Ben Stiller anorexique. Ah oui, ça y est, il est fini le film ?
Note : hommage au Pédé, qui dénonce à raison l'usage abusif d'une affiche Mary-à-tout-prix-esque avec une pointe de Marty McFly au niveau du gilet alors qu'au moins, on savait à quoi s'en tenir quand on voyait l'originale.


Et l'originale :


jeudi 6 janvier 2011

S'il ne devait en rester que 19 et 1/2

L'hésitation fut justifiée, le doute saisissant, l'angoisse palpable.

Mais vu que je me suis quand même tapé l'épluchage de tout ce que j'avais vu au ciné en 2010, j'ai décidé de me lancer. Voici donc la première partie de la rétro 2010, avec à suivre les curiosités, les trucs dont on se souvenait même pas qu'on avait passé 2 heures devant et les plus belles horreurs de l'année dernière.

En vrai, 4 films auraient pu suffire à résumer ce que j'ai vu de mieux ces 12 derniers mois. Mais un Top 4, c'est trop frustrant ; 10, c'est trop cliché ; et 20, je l'ai fait l'année passée. Alors je vous propose mon Top 19 et 1/2.

The Social Network

1ers ex-aequo (sans surprise) : The Social Network A Serious Man
Benjamin Button était imbitable et boursouflé ; le nouveau Fincher est un cru incroyablement parfait. En tous points : le casting ( Andrew Spidey Garfield ♥), la construction du scénario (Aaron Sorkin ) les dialogues, la photo, la musique ( Trent Reznor )... Il en résulte un objet duveteux, dans les méandres duquel j'ai pris un malin plaisir à me laisser bercer (deux fois).

Quant au film le plus juif des frères Coen, ma déclaration d'il y a près d'un an tient toujours.

A Serious Man

3ème (vu qu'il y a deux premiers) : La Comtesse
Après un hilarant 2 Days in Paris, Julie Delpy réalise un nouveau petit bijou, plus classique en apparence mais ultra moderne quand on y regarde mieux, et étonnamment absent de tous les "Topitos" de fin/début d'année. Le film est pourtant fascinant, à mi-chemin entre le fantastique, le drame et le film en costumes (ça reste "mi-chemin" quand il y a 3 extrémités ?). Dommage que les bonus du Dvd n'inclue qu'une interview avec Serge Moati (je l'ai vue, c'est oufissime ; non, je déconne), il y aurait eu matière à making of.

La Comtesse

4ème : Fantastic Mr. Fox
Mieux je connais le cinéma de Wes Anderson, plus je le trouve savoureux. J'ai déjà dit du bien ici de sa merveille animée, et il me tarde de me plonger dans un de mes Fantastic Cadeaux de Noël, à savoir le Dvd de Rushmore.

Fantastic Mr. Fox

Puis :
5ème : Bad Lieutenant: Port of Call New Orleans, de Werner Herzog
Pour un Nicolas Cage sans aucune morale.

6ème : Toy Story 3, de Lee Unkrich (film préféré de Tarantino en 2010)
Pour Mr Tortilla.

7ème : Kaboom, de Greg Araki
Pour son ambiance Richard Kelly-burl-esque fluo.

8ème : Inception, de Christopher Nolan
Même si les allers-retours imposés par la complexité de l'enchevêtrement du tout gâchent un peu le plaisir de l'expérience, ce film, j'en suis convaincu, nous parle en fait avec virtuosité de cinéma, tout simplement : l'architecture, le scénario, les personnages de chaque rêve sont trop de similitudes avec le 7ème art pour ne pas y voir le message d'amour que lui envoie Nolan, qui n'est finalement qu'un faiseur de rêves.

9ème : Machete, de Robert Rodriguez
et
10ème : Outrage, de Takeshi Kitano
Deux films avec comme point commun la dédramatisation de la violence, mais pour un résultat différent : d'un côté, comme dans à peu près tous ses films, Rodriguez propose du pur divertissement (impliquant parfois l'utilisation d'un intestin grêle) ; de l'autre, l'approche de Kitano ressemble plus à celle des Coen, lorsqu'il provoque chez nous un rire nerveux face à des comportements ultra-violents.

Et pour finir :
11ème : Mammuth, de Gustave Kervern et Benoît Delépine
12ème : Tournée, de Mathieu Amalric
13ème : Vincere, de Marco Bellocchio
13ème et 1/2 (pas vu en entier à cause d'un papa nauséeux, caca et autres trucs dégueux à l'écran obligent) : La Merditude des choses, de Felix Van Groeningen
14ème et 1/2 : Shutter Island, de Martin Scorsese
15ème et 1/2 : Des hommes et des dieux, de Xavier Beauvois
16ème et 1/2 : Potiche, de François Ozon
17ème et 1/2 : Dans ses yeux, de Juan José Campanella
18ème et 1/2 : Kick Ass, de Matthew Vaughn
19ème et 1/2 : Une petite zone de turbulences, de Michel Blanc

Classement purement subjectif réalisé à partir des 62 fois où me suis rendu au ciné cette année.

Et vous ?