Je ne pensais pas que c'était possible. Pourtant, il faut se rendre à l'évidence : Danny Boyle a trouvé à qui se mesurer en matière de mise en scène absurdement amphétaminée en la personne de Guy Ritchie. Quoique, Ritchie est peut-être (si toutefois c'est encore possible) plus bourrin.
Arnaques, crimes et botanique était son Petits meurtres entre amis (jusqu'ici, tout va bien, comme dirait cousin Hubert), Snatch son Trainspotting (jusqu'ici, tout va bien). Je n'ai pas vu RocknRolla, donc je m'abstiendrai de trouver un équivalent Boylien. Sherlock Holmes, par contre, je n'ai pas peur de le dire, vole aussi bas que Slumdog Millionnaire.
Le scénario est parsemé de "traits d'esprit" tous plus lourdingues les uns que les autres, les explosions et les bastons à tire larigot vous font regretter de ne pas avoir d'Aspegic à portée de main. Mais elles constituent, paradoxalement, des moments de répit tant les dialogues sont d'une platitude pesante. Un peu comme dans Funny Games, dans lequel Haneke alterne les séquences où il ne se passe rien (à dessein) et les scènes ultra violentes, qu'on en vient à attendre avec impatience autant qu'avec appréhension.
Sans compter cet usage du symbolisme pour les débiles légers, lorsqu'un corbeau fait son apparition à chaque fois qu'un personnage est sur le point d'y passer. On sait jamais, des fois que le spectateur ne comprenne pas que suite à une chute du 3ème étage après combustion spontanée, on a peu de chance d'être frais et dispo... Par ailleurs, Ritchie a visiblement mal digéré sa rupture d'avec Melle Ciccone : son espèce de sous-Franc-maçonnerie ("Temple of the four Orders"...) a des faux airs kabbalistes...
Bon, et puis je pinaille, mais c'est quoi ce noircissement pourri de la dent du géant qui parle français (oui, j'ai compris qu'il parlait français parce qu'il n'y avait plus de sous-titres quand il causait) ? Y avait plus de budget pour le maquillage ?
Et l'intrigue. L'intrigue... Dans l'œuvre d'Agatha Christie, on s'amuse à chercher à identifier un meurtrier ou résoudre l'énigme, quitte à prendre de fausses pistes. Ici, on sait de bout en bout que les méfaits relevant du fantastique vont trouver une explication à la fin, et aucun élément n'est donné pour que l'on puisse tenter d'éclaircir le mystère par nous-mêmes.
Beau gâchis en somme, surtout pour Robert Downey Jr., qui se prête au petit jeu du film d'action imbécile, et qui malheureusement risque fort de remettre le couvert, si on lit entre les lignes - pardon - les poutres de la scène finale.
Guy Ritchie : - "Quelqu'un reveut-il un peu de tartiflette à la choucroute ?
(Tous en chœur) : - NON MERCI."
Dormir avec un chien flingue votre sommeil
Il y a 3 heures