vendredi 22 janvier 2010

Michel Blanc vs All Blacks

Une double-note ciné aujourd'hui pour sortir de la spirale infernale du mécontentement et du grognage - que le lecteur se rassure cependant, je vais parler d'un film qui ne m'a pas plu. Faut pas déconner, quand même.

Deux films vus cette semaine (et deux autres qui devraient y passer ce week end), un français et un américain.



Commençons par le dernier fait d'arme de Michel Blanc. Bien qu'il ne l'ait pas réalisé, Une petite zone de turbulences semble être son bébé plus que celui d'Alfred Lot (qui accuse une filmo assez peu remarquable).

Depuis 2002 et Embrassez qui vous voudrez, Blanc ne nous avait gratifié que de ses performances d'acteur. Il signe ici le scénario et l'adaptation d'un roman anglais (encore), en fait une comédie chorale (encore) qui parle de couples (encore) avec un ton acide (encore). A quelques différences près : un personnage vraiment central cette fois (celui de Blanc) et des couples qui ne font pas que se croiser puisqu'ils font tous partie de la même famille.

Plutôt de bonnes surprises dans ce film : une Mélanie Doutey presque pas énervante, et surtout une mise en scène moins plan-plan qu'elle en a l'air et qui met en valeur un Michel Blanc hypocondriaque qui rappelle ses personnages de Grosse Fatigue et Marche à l'ombre. Gilles Lellouche est toujours exceptionnel, et les dialogues sont d'une horreur exquise, même si le moment le plus drôle du film reste un échange entre un grand-père et son petit-fils qui rappelle la phrase la plus drôle d'une autre comédie française, Prête-moi ta main, d'Eric Lartigausi tu chiais sur la table, elle dirait "ah, elle a bien mangé !" Finalement, une bonne blague scato à l'américaine, y a rien de mieux.



Mon autre sortie UGC Illimité de la semaine m'a conduit devant le cru 2010 de Clint Eastwood.

Une mise au point d'abord : j'avais trouvé Gran Torino tout simplement extraordinaire, et les avis positifs que j'avais entendus des gens sortant du film avaient eu pour effet chez moi non pas de créer une attente, mais plutôt un a priori favorable. J'avais (vraiment) envie de l'aimer, ce film.

Bah non. Non, je suis désolé. Les effets poussifs, l'absence totale de nuance, l'Apartheid pour les Nuls, les ralentis, la musique de pleureuses, je dis non.

Des exemples d'effets poussifs ? J'ai compté pas mois de 6 plans avec hochement de tête approbatif (recherche subliminale de la même approbation chez le spectateur ?...) - et encore, j'ai un peu dormi, donc j'en ai peut-être loupé. Et c'est qui, déjà, le joueur néo-zélandais hyper rapide et dangereux ? Jonah comment ?... Parce que j'avais pas retenu son nom, ni qu'il fallait s'en méfier.

Faut dire qu'en même temps, il a beau réaliser au bulldozer, Eastwood n'a pourtant pas réussi à trouver de figurants convaincants pour interpréter des joueurs All Blacks ; on y trouve un mec qui doit pas être beaucoup plus grand que notre Président, et la plupart sont tellement gringalets qu'ils réussissent à faire ressembler le Haka à ça :



Autres détails du genre : pourquoi ils engagent systématiquement comme des tapettes, les hommes en noir ? Chester Williams, présent sur le terrain du côté Springboks lors de la finale en 1995 et crédité comme "consultant" dans l'encart "Réalisation" d'Allociné y serait-il pour quelque chose ?...

Dans Gran Torino, la réalisation sans concession d'Eastwood agissait comme un catalyseur sur un scénario qui n'avait pas peur du politiquement incorrect. Ici, elle est au service d'un message de tolérance au premier degré. On a l'impression de regarder Les Yeux dans les Bleus meets Titanic (vu qu'on connaît un peu la fin) mais qui finirait bien (enfin bien, ça finit par 20 minutes de rugby moyennement crédible, qui quoique bien filmé, ressemble plus à du Hockey sur glace tellement les joueurs se bastonnent hors phases de jeu).

Sauf qu'exactement comme pour la Coupe du Monde 1998, après laquelle tout le monde se sentait fier d'être de la nationalité de cette équipe victorieuse qui jouait à domicile, je me permets de douter de la pérennité d'un tel sentiment en Afrique du Sud après 1995. Et les flics qui prennent dans leurs bras le petit noir à la fin du film auront vite fait de le rappeler à l'ordre à coup de matraque une fois le soufflé retombé.

Vraiment, j'avais envie d'aimer Invictus. Je suis déçu d'avoir été déçu...

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