mardi 12 janvier 2010

Comme au Jack Rabbit Slim's, sans le Twist Contest

Aujourd'hui, nous recevons sur ce blog Jean-Pierre Pernaut, qui nous livre ce qu'on peut appeler un "coup de gueule", n'ayons pas peur des mots, contre la sandwicherie en bas de son taf.

Le Yorkshire n'est là que les mardis et les jeudis, sur rendez-vous.

Au 46 Avenue Marceau, dans le 8ème arrondissement de Paris, sied une échoppe au nom incongru : le 46 Avenue, le 4-6 pour les intimes. Tenu par la généreuse et charmante Vicky, ce haut lieu de la gastronomie surfe sur la vogue du "mieux-déjeuner", aussi connue sous le nom de la mode du "sandwich-qui-coûte-un-bras". Celle-ci consiste à s'installer dans un quartier plutôt chic, tant qu'à faire où des gens travaillent et ont la flemme d'aller à plus de 50 m de leur taf pour chercher de quoi se sustenter à midi et seront donc contraints d'accepter, la bouche en cœur, de débourser 6€ pour un bout de pain garni ; fort heureusement, pour cette modique somme, ce sont de véritables fantaisies culinaires en baguette qu'ils pourront goûter, généralement à base de roquette, de fromage frais et/ou de pignons (de pin).

Ainsi, vous trouverez chez Vicky des Choupas, des Sopranos, des Croqu'Génies, et même des Moundirs, qui s'intitulent de la sorte non pas parce qu'ils sont préparés à la machette mais parce que l'intéressé se rend régulièrement Avenue Marceau pour y déguster sa création originale à base de fonds d'artichauts.


Seulement voilà, un détail vient gâcher ce tableau idyllique : la tenancière du lieu elle-même. Si seulement son insupportabilité se bornait à son comportement ignoble à l'égard de ses employés, mais elle a visiblement ses têtes parmi ses clients (si vous ne portez pas de costard ou de fourrure, attendez-vous à un accueil finlandais).

Pire : elle va jusqu'à pousser le vice à la limite de la légalité. Je m'explique.

Avec en plus du sandwich une cannette à 2€, et un dessert généralement autour de 3€, on s'en sort généralement au 4-6 avec une addition à 11€. Je fréquente l'endroit depuis mon arrivée Avenue Marceau, soit depuis mai 2007. Et en 2 ans, elle n'a jamais jugé utile de rendre publique l'existence d'une "formule", au prix de 9,5€. La logique est somme toute simple : "si les gens savent que je propose une formule, ils risquent de la demander, et donc je perdrais 1,5€ par client ; si je la supprime, les gens qui viennent et la commandent risquent de ne plus venir ; conclusion : je la conserve, mais surtout j'en parle pas". A la limite de la légalité, en plein dans la malhonnêteté.

Alors après que j'ai poussé une mini-gueulante un jour, elle a miraculeusement affiché clairement la susdite formule. A un détail près : alors qu'elle incluait d'abord n'importe quel dessert, elle n'est vendue aujourd'hui qu'avec certains desserts ; lesquels ont un prix maximum de 1,8€. Faisons nos comptes : avec une canette toujours à 2€, la formule n'est donc "intéressante" pour un client que s'il prend un sandwich coûtant au moins 5,7€. Ce qui est le cas, j'ai compté, de 3 sandwiches sur 12 différents proposés chaque jour. Autrement dit, si vous ne faîtes pas gaffe, vous avez 3 chances sur 4 de vous faire niquer.
J'ai déjà vu une cliente japonaise commander une formule avec un sandwich à 6€ changer d'avis pour un sandwich à 5€. On ne lui a pas fait remarquer, elle a payé sa formule plus cher que le prix de chaque élément séparé.
Inversement, si vous prenez le contenu d'une formule (dont un sandwich à 6€) sans préciser que c'est une formule, on vous facturera la somme des prix de ce que vous avez choisi.


J'invite donc (et ils sont nombreux) tous les lecteurs de ce blog qui travaillent dans le marketing à réfléchir à ce cas tout à fait intéressant de pricing qui défie toute logique et d'absence totale de fidélisation, puisque le client n'a pas l'air échaudé par la manigance ou les mauvais traitements - il est tous les midis toujours aussi présent devant sa cantine.

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