mardi 26 janvier 2010

Jewish connection

Comme prévu, deux nouveaux films à mon compteur ce week end, un français et un américain à nouveau.


Gainsbourg (vie héroïque) d'abord. Joann Sfar a répété à l'envi que son intention n'était pas de mettre en images des moments avérés de la vie du Grand Serge : des archives (en particulier des images), il en existe, on a pu les voir ne serait-ce que la semaine dernière sur France 3, et la Cité de la Musique avait monté une expo fin 2008 qui bien que décevante (l'enjeu était énorme, vu l'étendue de son œuvre) permettait d'en apprendre plus sur l'homme.

Un réalisateur met forcément de lui dans son œuvre, et le choix de Sfar est a priori louable : il a souhaité proposer un film "personnel". Malheureusement, Gainsbourg (vie héroïque) est plus que cela : il est outrageusement égocentré. Cela me coûte de l'admettre, mais mon père, qui après la lecture de quelques pages de son carnet Ukulélé, me faisait part de son sentiment sur l'auteur de bd avait sans doute raison : le mec est finalement assez prétentieux, car sans doute trop conscient de son talent.

Son premier long-métrage en est une longue démonstration : quand Serge Gainsbourg peint, ce sont des esquisses de Sfar que l'on voit ; les paravents de chez Mme Hartur : des dessins de Sfar ; les musiciens accompagnant Fréhel/Yolande Moreau : ma main à couper qu'il s'agit de ses amis, avec qui il tape des bœufs dans Ukulélé ; et pour finir le film, après le noir : une citation de "J. Sfar" (je doute qu'il s'agisse d'un homonyme) - « Ce ne sont pas les vérités de Gainsbourg qui m’intéressent, mais ses mensonges ».

Au final, on a l'impression d'avoir vu un film sur un artiste juif pas sûr de lui, qui aura touché à l'art pictural comme à la musique : Joann Sfar. Super.


Heureusement, il y a les frères Coen. Aaaahhh....

Paul Rudd disait très justement "faire l'amour, c'est comme manger une pizza : quand c'est bon, c'est génial, et quand c'est pas bon, c'est pas mal quand même." Il en va de même pour un film des frères Coen : Burn after reading était moyen, mais c'était bien quand même. A Serious Man est tout simplement exceptionnel.

En en sortant, une pensée me vient subitement : VDM est un concept juif. Le propre de l'humour juif, c'est de rire de ses malheurs : victimes de persécutions depuis des millénaires, la meilleure façon de survivre, c'est finalement d'en rire. Mais cette auto-dérision s'applique également aux petits tracas de tous les jours, et c'est la matière première du dernier chef d'œuvre d'Ethan et Joel Coen (qui ont toujours su faire rire avec des situations horribles).


Le film s'ouvre sur la citation du Rabbin Shlomo Itzchaki : "Receive with simplicity everything that happens to you." Le problème de Larry Gopnik est qu'il fait (par défaut) cet adage sien avec un peu trop de zèle : il est prof de physique dans une université du Midwest, marié, a deux enfants dont un fils sur le point de faire sa Bar Mitzva, attend d'être promu, mais son principal problème, c'est qu'il a toujours été passif. Alors quand tous autour de lui prennent des décisions qui lui sont tout sauf favorables - pire, que le sort semble s'acharner sur lui -, il ne sait plus vers qui (quel Rabbin...) se tourner.

Mais comme c'est un film des frères Coen, c'est hilarant. Et surtout, c'est sublimement mis en scène, en images, construit, dialogué et casté - contrairement à un Benjamin Button ou The Reader, aucune tête d'affiche ici, mais la distribution est parfaite. Et contrairement à Sfar qui livre un objet qui ne parle que de lui-même, les Coen ont produit un film ultra-personnel mais qui parle à tous (et peut-être un peu plus aux juifs...).

(ATTENTION, CE QUI SUIT EST UN SPOILER, NE PAS LIRE SI VOUS N'AVEZ PAS ENCORE VU LE FILM) Et ils se permettent ce que tout créateur, Dieu en sa propre œuvre, peut se permettre : après avoir infligé le pire à leur personnage, et alors qu'on se demande comment celui-ci va pouvoir s'en sortir, les tout-puissants Coen administrent à leur film... une tornade. Alors forcément, les soucis de Gopnik (et des autres personnages) paraissent un peu peanuts. Mais n'est-ce pas la conclusion ultime à apporter à toute fiction ? : happy end ou pas, une fois le noir venu, les personnages ne sont plus... Difficile de faire mieux.

http://www.wikio.fr

3 commentaires:

BnG a dit…

A noter, une critique pas inintéressante (croisée...) des Inrocks des 2 films : http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/t/1263824460/article/a-serious-man/
...mais qui se termine par un parallèle avec l'actu politique un peu approximatif...

Tortue a dit…

Oui, quand on est mort c'est qu'on est mort, quand on ne rit plus c'est qu'on ne vit plus. ;)

Anonyme a dit…

Bon j'ai lu mais je n'adhère toujours pas au film...
JE me suis ennuyée, je n'ai pas rigolé, ...

Je suis d'accord avec ta conclusion par contre :)