jeudi 18 mars 2010

L'éthique, c'est pas automatique

Ce soir, France 2 a fait fort. Pour qui n'aurait pas encore été au courant, la chaîne publique, qui clame à tous vents son aversion pour la "real tv", diffusait à 20h35 le programme Jusqu'où va la télé ?


Tout le monde l'aura remarqué : sous couvert du genre documentaire, France Télévisions se paie un programme pire que n'importe quelle émission de télé-réalité en prétendant la dénoncer.

En effet, peu importe que ce soit un acteur qui reçoive les décharges, l'épreuve que les candidats vivent leur paraît bien réelle - et tout à fait insupportable. Un peu comme dans les shows de télé-réalité, finalement, où les protagonistes vivent dans un univers télévisuel artificiel mais qui leur semble "vrai" car ils y évoluent dans une certaine continuité.

Mais en pire, puisqu'ici ils vivent le double (triple ?...) effet Kiss Cool de :
1. "tu vas participer un à jeu télé, mon coco",
1 bis. donc qui dit "télé" dit "je sors du réel",
2. "bah en fait cette émission tv, c'était pour de faux!"

Rien d'étonnant à ce que les candidats aient été déboussolés, voire même complètement traumatisés pour certains (notamment ceux présents sur le plateau d'Hondelatte après le "documentaire"...).

Le prisme de la télé conduit d'ailleurs à faire de ces cobayes les vraies victimes et à transformer le spectateur en cobaye : combien de volts leur infligera-t-il via son poste de télé avant de zapper ou de l'éteindre ? On doit encore sans doute friser les 80%...

Certains journalistes constatent par ailleurs que Christophe Nick "enfonce des portes ouvertes" (l'expérience de Milgram est bien connue, sauf des candidats apparemment...). Le vrai souci, c'est que Milgram, en bon scientifique (et puis aussi parce que ça lui a coûté moins cher que de tourner l'équivalent de 80 pilotes...), a reproduit son expérience dans différentes conditions. Ici, on a juste tenté avec et sans Tania Young. Du coup, difficile de savoir si :
- le public joue un rôle
- les gains potentiels du faux participant complice jouent un rôle
- le choix de l'animateur joue un rôle.

Parce que ma conclusion, c'est que le plus incroyable reste quand même qu'on puisse croire que Tania Young puisse représenter "une autorité" alors qu'elle ne sait pas conjuguer le verbe "continuer" au présent du subjonctif ("L'expérience exige que vous continuez"). Et surtout qu'elle puisse incarner "la télé".

3 commentaires:

Nico Calibre a dit…

ha ! en regardant cette émission hier, j'ai imaginé le billet que tu allais écrire aujourd'hui, figure toi ;)

tu as tort quand tu dis "tout le monde connaît l'expérience de Milgram". évidemment, ce n'est pas le cas.

c'est pour cette raison que j'ai trouvé l'émission intéressante. les conclusions scientifiques sont contestables, mais il y avait dans ce programme une vraie vertu pédagogique.

BnG a dit…

Les vertus pédagogiques sur qui? Les cobayes traumatisés? Tania Young qui se perfectionne en animation de jeux? Ou les spectateurs qui savent déjà que la télé est comportementalement prescriptrice et que les programmes qui marchent sont souvent les pires moralement et qualitativement?
Dénoncer les dérives de la télé, c'est vu, revu et démago: on n'a pas la pire des télés en France, et surtout on est encore un peu responsable en tant que spectateur (enfin je parle pour moi...).

Anonyme a dit…

Lire le blog en entier, pretty good